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22/10/2025
14 minutes

Préparer sa succession après 65 ans

Passé 65 ans, nombreux sont ceux qui se disent qu'il est peut-être trop tard pour organiser leur succession. Pourtant, c'est précisément le moment où cette démarche prend tout son sens. Vous avez une vision claire de votre patrimoine, vos enfants sont adultes, et vous savez exactement qui vous souhaitez protéger .En France, on estime que seulement 15% des personnes de plus de 65 ans ont rédigé un testament. Résultat : des successions qui suivent automatiquement les règles légales, sans tenir compte des situations particulières de chaque famille. Un conjoint qui se retrouve en indivision avec ses beaux-enfants, un enfant aidant qui n'est pas reconnu pour son investissement, ou encore des frais de succession qui auraient pu être réduits.La bonne nouvelle ? Il n'est jamais trop tard pour agir, et certaines solutions restent même particulièrement avantageuses après 65 ans. Cet article vous guide pour faire les bons choix, en fonction de votre situation personnelle et familiale.

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Pol de Fauconis
Préparer sa succession après 65 ans
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Pourquoi la succession après 65 ans mérite une attention particulière

À 65 ans, votre situation patrimoniale est généralement stabilisée. La retraite est amorcée, les enfants sont autonomes, et vous avez une meilleure visibilité sur vos besoins futurs. C'est aussi l'âge où les questions de santé commencent parfois à se poser, rendant la démarche plus urgente.

Les enjeux spécifiques de cette tranche d'âge

Après 65 ans, la fiscalité des donations évolue. Si vous donnez de l'argent ou des biens avant vos 70 ans, les abattements fiscaux restent identiques (100 000 € par enfant tous les 15 ans). En revanche, l'assurance-vie connaît un changement important : les versements effectués après 70 ans ne bénéficient plus du même cadre fiscal avantageux. Seuls 30 500 € seront exonérés de droits de succession, le reste étant soumis au barème classique.

Cette différence fiscale incite de nombreux seniors à verser des capitaux sur leur assurance-vie avant 70 ans. Mais après 65 ans, d'autres stratégies peuvent s'avérer pertinentes selon votre patrimoine.

Protéger son conjoint : une priorité absolue

À cet âge, beaucoup de couples sont mariés depuis 30, 40 ans ou plus. Pourtant, sans disposition spécifique, le conjoint survivant ne récupère pas automatiquement l'ensemble du patrimoine. Cette situation peut créer des difficultés financières importantes, surtout si les revenus du ménage diminuent avec le décès.

Marie, 67 ans, pensait que son mari hériterait naturellement de leur maison. À son décès, elle a découvert que ses trois enfants d'un premier mariage étaient également héritiers. Son époux s'est retrouvé en indivision avec des beaux-enfants qu'il connaissait peu. Une situation qu'un simple testament aurait pu éviter.

Tenir compte de vos besoins futurs

À 65 ans, vous êtes encore autonome, mais vous devez anticiper d'éventuels besoins de santé ou de dépendance. Garder une réserve financière suffisante pour faire face à ces situations est essentiel. La préparation de votre succession ne doit jamais vous fragiliser financièrement.

Le coût moyen d'un hébergement en EHPAD dépasse aujourd'hui 2 000 € par mois. Une aide à domicile régulière peut représenter 1 500 € mensuels. Ces dépenses doivent être intégrées dans votre réflexion patrimoniale.

Faire un état des lieux complet de votre situation

Avant d'engager toute démarche, prenez le temps d'une analyse précise. Cette étape permettra au notaire de vous conseiller efficacement.

Recenser l'ensemble de votre patrimoine

Listez tous vos biens immobiliers avec leur valeur estimée actuelle. La résidence principale, mais aussi une résidence secondaire, un bien locatif ou encore un terrain. Pour les estimer, vous pouvez consulter les prix du marché local ou faire appel à un agent immobilier.

Inventoriez vos placements financiers : assurance-vie (en notant les dates de versement, importantes fiscalement), livrets d'épargne, comptes-titres, PEA, parts de SCPI. Récupérez les derniers relevés pour avoir une vision précise des montants.

N'oubliez pas les biens personnels de valeur : bijoux de famille, œuvres d'art, collection de timbres ou de pièces, véhicules anciens. Ces biens ont souvent une valeur sentimentale importante et peuvent être source de conflit.

Clarifier votre régime matrimonial

Êtes-vous marié sous le régime de la communauté réduite aux acquêts, de la séparation de biens, ou de la communauté universelle ? Cette information est fondamentale car elle détermine ce qui revient automatiquement au conjoint survivant.

Si vous ne connaissez pas votre régime, c'est probablement la communauté réduite aux acquêts (régime par défaut en France). Vous pouvez vérifier en consultant votre contrat de mariage ou en interrogeant le notaire qui vous a mariés.

Identifier les personnes vulnérables à protéger

Avez-vous un enfant en situation de handicap ? Un conjoint sans revenus propres ? Un proche dépendant dont vous vous occupez ? Ces situations nécessitent des dispositions particulières pour assurer leur sécurité financière après votre décès.

Le mandat de protection future, par exemple, permet de désigner à l'avance la personne qui gérera les biens de votre enfant handicapé si vous n'êtes plus en mesure de le faire.

Les solutions juridiques adaptées après 65 ans

Plusieurs outils permettent d'organiser sa succession même après 65 ans. Le choix dépend de vos objectifs et de votre situation familiale.

Le testament : simple et efficace

Le testament reste l'outil le plus accessible pour exprimer vos volontés. Vous pouvez le rédiger vous-même (testament olographe), le faire authentifier par un notaire (testament authentique), ou le remettre sous pli cacheté à un notaire (testament mystique).

Le testament olographe présente l'avantage d'être gratuit et confidentiel. Rédigez-le entièrement à la main, datez-le et signez-le. Attention cependant : il ne doit comporter aucune rature suspecte, et il est recommandé de le déposer chez un notaire pour éviter qu'il ne soit égaré ou contesté.

Le testament authentique, rédigé par le notaire en présence de témoins, offre plus de sécurité juridique. Il coûte environ 150 €, mais élimine tout risque de contestation sur sa validité. Le notaire vérifie également que vos dispositions respectent la réserve héréditaire de vos enfants.

La donation-partage : organiser le partage de son vivant

La donation-partage permet de transmettre et de répartir vos biens entre vos héritiers de votre vivant. L'avantage ? Vous organisez vous-même la répartition, en expliquant vos choix et en évitant les incompréhensions futures.

Contrairement à la donation simple, la donation-partage fige la valeur des biens au jour de la donation. Si vous donnez une maison à votre fille et des placements financiers à votre fils, la valeur retenue pour le calcul de la succession sera celle du jour de la donation, même si les biens ont pris ou perdu de la valeur ensuite.

Cette solution est particulièrement adaptée si vous avez des biens de nature différente à transmettre ou si vous souhaitez compenser un enfant qui vous a aidé plus que les autres.

L'assurance-vie : un outil à utiliser avec discernement

Après 70 ans, les versements sur assurance-vie perdent une partie de leur intérêt fiscal. Cependant, l'assurance-vie reste intéressante pour plusieurs raisons.

D'abord, les capitaux transmis via l'assurance-vie sortent de la succession et sont versés directement aux bénéficiaires désignés. Cela permet de gratifier une personne qui ne fait pas partie de vos héritiers légaux (un neveu, un ami proche, une association) sans alourdir la succession.

Ensuite, vous gardez la totale liberté de modifier les bénéficiaires ou de récupérer les fonds si vous en avez besoin. Cette souplesse est précieuse après 65 ans, quand les besoins de santé peuvent évoluer rapidement.

Si vous avez déjà une assurance-vie bien dotée constituée avant 70 ans, conservez-la précieusement. Elle bénéficiera du cadre fiscal favorable même au moment de votre décès.

La donation avec réserve d'usufruit : transmettre tout en gardant les revenus

Cette solution ingénieuse permet de donner la nue-propriété d'un bien (souvent immobilier) à vos enfants, tout en conservant l'usufruit, c'est-à-dire le droit d'habiter le logement ou d'en percevoir les loyers.

Résultat : vos enfants paieront moins de droits de donation (car la nue-propriété vaut moins que la pleine propriété), et vous conservez votre train de vie. À votre décès, vos enfants récupèrent automatiquement la pleine propriété sans nouveau passage chez le notaire ni droits de succession supplémentaires.

À 65 ans, l'usufruit est valorisé à 50% de la valeur du bien. Cela signifie que si vous donnez la nue-propriété d'un bien de 200 000 €, vos enfants ne paieront des droits que sur 100 000 € (et bénéficieront des abattements classiques).

Les libéralités graduelles ou résiduelles : protéger votre conjoint puis vos enfants

Ces dispositifs permettent de transmettre un bien à votre conjoint avec l'obligation de le transmettre ensuite à vos enfants (libéralité graduelle) ou la possibilité de le transmettre si le bien reste dans le patrimoine (libéralité résiduelle).

Concrètement, vous pouvez léguer votre résidence principale à votre épouse avec l'obligation qu'à son décès, la maison revienne à vos enfants communs. Votre conjoint est protégé de son vivant, mais vous assurez également la transmission familiale.

Cette solution évite que le nouveau conjoint d'un veuf ou d'une veuve n'hérite d'un bien que vous souhaitiez voir rester dans votre famille.

Les erreurs à éviter absolument après 65 ans

Certaines décisions prises sans conseil peuvent avoir des conséquences désastreuses pour vos proches ou votre propre sécurité financière.

Ne pas tout donner en gardant rien

L'erreur la plus fréquente consiste à donner l'intégralité de son patrimoine à ses enfants en pensant bien faire. Si un besoin de financement survient pour votre santé ou votre dépendance, vous vous retrouvez alors dépendant de la bonne volonté de vos enfants.

Gardez toujours une réserve financière disponible, idéalement sous forme liquide (assurance-vie, livrets, compte-courant). Cette réserve doit pouvoir couvrir 3 à 5 ans de dépenses exceptionnelles liées à la santé.

Négliger la protection du conjoint

Beaucoup de couples pensent que le survivant hérite automatiquement de tout. C'est faux. En présence d'enfants, le conjoint a le choix entre l'usufruit de la totalité des biens ou le quart en pleine propriété. Cette situation peut être très problématique.

Si vous êtes marié, consultez un notaire pour mettre en place une donation entre époux (aussi appelée donation au dernier vivant). Cette disposition augmente considérablement les droits du conjoint survivant.

Oublier de mettre à jour ses documents

Vos bénéficiaires d'assurance-vie sont-ils toujours d'actualité ? Votre testament rédigé il y a 20 ans reflète-t-il encore vos souhaits ? Un divorce, une naissance, un décès dans la famille peuvent rendre obsolètes vos dispositions.

Prenez l'habitude de réviser vos documents tous les 5 ans ou après chaque événement familial important.

Faire des donations déséquilibrées sans l'expliquer

Si vous souhaitez avantager un enfant (parce qu'il vous aide, qu'il a plus de charges, ou pour toute autre raison), expliquez-le clairement par écrit. Un déséquilibre inexpliqué est souvent source de rancœur et de conflit entre les héritiers.

La loi française impose le respect de la réserve héréditaire (la moitié du patrimoine pour un enfant unique, les deux tiers pour deux enfants, les trois quarts pour trois enfants ou plus). Au-delà de cette réserve, vous disposez d'une quotité disponible que vous pouvez attribuer librement.

Négliger l'aspect fiscal

Certaines opérations peuvent être optimisées fiscalement si elles sont réalisées dans un certain ordre ou selon certaines modalités. Un notaire pourra vous conseiller sur les stratégies les plus avantageuses selon votre situation.

Par exemple, si vous avez plusieurs petits-enfants, vous pouvez leur donner directement jusqu'à 31 865 € chacun tous les 15 ans en franchise de droits, en plus des donations à vos enfants.

Les démarches concrètes à entreprendre

Une fois votre réflexion aboutie, plusieurs étapes s'imposent pour concrétiser vos décisions.

Consulter un notaire

La consultation d'un notaire n'est pas obligatoire pour rédiger un testament olographe, mais elle est vivement recommandée après 65 ans. Le notaire vérifiera la validité de vos dispositions, leur cohérence avec votre situation familiale, et vous conseillera sur les optimisations possibles.

Le coût d'une consultation varie entre 150 € et 300 € selon la complexité de votre dossier. C'est un investissement qui peut faire économiser des milliers d'euros de droits de succession à vos héritiers.

Rassembler les documents nécessaires

Pour votre rendez-vous chez le notaire, préparez : votre livret de famille, votre contrat de mariage (si vous êtes marié), les titres de propriété de vos biens immobiliers, les relevés de vos comptes bancaires et placements, vos contrats d'assurance-vie avec les clauses bénéficiaires.

Cette préparation permettra au notaire de vous conseiller efficacement dès le premier rendez-vous.

Informer vos proches

Faut-il informer ses enfants de ses dispositions successorales ? Il n'existe pas de réponse unique. Certains préfèrent la transparence totale pour éviter les surprises et expliquer leurs choix. D'autres préfèrent la confidentialité.

Dans tous les cas, informez au moins une personne de confiance de l'existence de vos documents et de leur lieu de conservation. Rien n'est plus problématique qu'un testament que personne ne retrouve après un décès.

Organiser vos documents importants

Créez un dossier (physique ou numérique) recensant tous vos documents importants : coordonnées bancaires, contrats d'assurance, contacts des professionnels (notaire, médecin, comptable), identifiants et mots de passe importants.

Indiquez à une personne de confiance où se trouve ce dossier. Certains notaires proposent un service de coffre-fort numérique pour centraliser ces informations.

Anticiper les questions de santé

La succession ne concerne pas seulement vos biens, mais aussi vos volontés en matière de santé. Les directives anticipées permettent d'exprimer vos souhaits concernant votre fin de vie (limitation ou arrêt de traitements, soins palliatifs).

Le mandat de protection future vous permet de désigner la personne qui prendra les décisions pour vous si vous n'êtes plus en mesure de le faire (maladie d'Alzheimer, AVC grave).

Le cas particulier des familles recomposées

Les familles recomposées après 65 ans présentent des enjeux successoraux complexes qui nécessitent une attention particulière.

Protéger son nouveau conjoint sans déshériter ses enfants

Si vous vous êtes remarié après 65 ans, votre nouveau conjoint n'a aucun lien juridique avec vos enfants d'un premier mariage. À votre décès, la cohabitation entre belle-famille peut devenir difficile, surtout si votre conjoint habite dans votre maison.

La donation entre époux permet d'augmenter les droits de votre conjoint. Vous pouvez également lui léguer l'usufruit de votre résidence principale, lui garantissant le droit d'y habiter sa vie durant, tandis que vos enfants en conservent la nue-propriété.

Éviter les conflits entre les deux fratries

Les tensions entre enfants de lits différents sont fréquentes. Chaque fratrie peut avoir l'impression que l'autre est favorisée. Pour limiter ces conflits, soyez le plus transparent possible et expliquez vos choix par écrit.

La donation-partage peut être une solution : vous répartissez équitablement entre tous vos enfants (qu'ils soient communs ou d'une précédente union), en tenant compte de ce que chacun a déjà reçu.

Le cas des enfants du nouveau conjoint

Votre nouveau conjoint a peut-être des enfants d'une précédente union. Ces enfants n'ont aucun droit sur votre succession, sauf si vous décidez de les gratifier. Inversement, vous n'avez aucun droit sur le patrimoine personnel de votre conjoint.

Si vous souhaitez aider les enfants de votre conjoint, le legs ou la donation restent possibles, mais ils paieront des droits de succession au taux applicable entre non-parents (60% après un abattement de seulement 1 594 €). L'adoption simple de ces enfants peut être envisagée pour améliorer leur situation fiscale, mais c'est une décision lourde de conséquences.

Combien coûte l'organisation de sa succession ?

Les frais varient selon la complexité de votre situation et les outils juridiques choisis.

Les coûts prévisibles

Un testament olographe est gratuit si vous le rédigez seul. Son dépôt chez un notaire coûte environ 30 €. Un testament authentique rédigé par le notaire coûte environ 150 €.

Une donation simple coûte entre 300 € et 800 € selon la valeur des biens transmis et la complexité de l'acte. Les droits de donation s'ajoutent, mais vous bénéficiez des abattements fiscaux (100 000 € par enfant tous les 15 ans).

Une donation-partage est plus coûteuse : comptez entre 800 € et 2 000 € de frais de notaire, auxquels s'ajoutent les droits de donation.

Un investissement rentable

Ces frais peuvent sembler élevés, mais ils représentent souvent une économie considérable pour vos héritiers. Une succession mal organisée peut coûter des dizaines de milliers d'euros en droits de succession évitables, sans compter les frais de procédure en cas de conflit familial.

Un client de 68 ans a investi 1 200 € pour organiser une donation-partage. Résultat : ses trois enfants ont économisé près de 40 000 € de droits de succession grâce aux abattements fiscaux bien utilisés.

Les idées reçues sur la succession après 65 ans

Nombreuses sont les fausses croyances qui circulent sur le sujet. Démêlons le vrai du faux.

"C'est trop tard pour optimiser fiscalement"

Faux. Même après 65 ans, vous pouvez encore bénéficier de tous les abattements fiscaux sur les donations. Certes, l'assurance-vie est moins avantageuse après 70 ans, mais la donation avec réserve d'usufruit, par exemple, reste très intéressante.

À 65 ans, votre usufruit est valorisé à 50% de la valeur du bien. C'est un excellent ratio pour transmettre à moindre coût.

"Mes enfants hériteront automatiquement de tout"

Pas nécessairement. Si vous êtes marié, votre conjoint a des droits importants sur votre succession. Sans disposition particulière, vos enfants n'hériteront que d'une partie de votre patrimoine.

De plus, certains biens (assurance-vie notamment) sortent de la succession et sont versés aux bénéficiaires désignés, qui peuvent être différents de vos héritiers légaux.

"Je n'ai pas assez de patrimoine pour que ça vaille le coup"

Même avec un patrimoine modeste, organiser sa succession évite des complications à vos proches. Un simple testament peut suffire à clarifier vos volontés et à éviter les incompréhensions.

De plus, même avec un petit patrimoine, les droits de succession peuvent être significatifs. Pour un héritage de 80 000 € (une petite maison en province), un enfant unique paiera environ 6 000 € de droits. Des droits qui auraient pu être évités avec une donation anticipée.

"Je peux faire ça moi-même sans notaire"

Techniquement oui pour un testament olographe simple. Mais après 65 ans, la complexité des situations familiales et patrimoniales rend le conseil d'un professionnel indispensable pour éviter les erreurs coûteuses.

Un testament mal rédigé peut être annulé, une donation mal structurée peut coûter beaucoup plus cher en droits, et une clause bénéficiaire d'assurance-vie inadaptée peut léser vos proches.


BON À SAVOIR

La réforme des successions et donations

Le gouvernement réfléchit régulièrement à modifier les règles successorales et fiscales. Les abattements, les taux d'imposition, et même les règles de transmission peuvent évoluer. C'est une raison supplémentaire pour ne pas attendre : les règles actuelles sont avantageuses, mais rien ne garantit qu'elles le resteront.

Les outils numériques au service de la succession

Plusieurs plateformes en ligne proposent désormais des services pour organiser sa succession : coffres-forts numériques, testaments en ligne, simulateurs de droits de succession. Ces outils peuvent être utiles pour une première réflexion, mais ne remplacent pas le conseil personnalisé d'un notaire, surtout après 65 ans.

L'importance du dialogue familial

Au-delà des aspects juridiques et fiscaux, la préparation de votre succession est aussi l'occasion d'un dialogue avec vos proches. Expliquer vos choix, partager vos valeurs, transmettre l'histoire familiale : ces dimensions immatérielles sont tout aussi importantes que les aspects patrimoniaux.

 


ATTENTION

Les arnaques aux donations

Méfiez-vous des démarchages abusifs vous promettant d'optimiser votre succession moyennant des frais élevés. Certaines officines peu scrupuleuses profitent de l'inquiétude des seniors pour vendre des montages complexes et inutiles.

Consultez uniquement des professionnels reconnus : notaires, avocats spécialisés, conseillers en gestion de patrimoine certifiés. N'hésitez pas à demander un deuxième avis si une proposition vous semble trop belle pour être vraie.

Les conséquences d'une donation excessive

Donnez, mais pas au point de vous fragiliser. Certains seniors se retrouvent en difficulté après avoir tout transmis à leurs enfants, croyant bien faire. Si votre situation financière se détériore (frais médicaux, dépendance), vous pourriez le regretter amèrement.

Gardez toujours une réserve financière confortable, et ne donnez que ce dont vous n'aurez vraiment pas besoin.


FAQ

À partir de quel montant de patrimoine faut-il organiser sa succession ?

Dès que vous possédez des biens (même modestes) et que vous souhaitez en contrôler la transmission, il est utile d'organiser votre succession. Un patrimoine de 50 000 € justifie déjà une réflexion, surtout si vous avez des souhaits particuliers ou une situation familiale complexe.

Puis-je modifier mon testament après 65 ans ?

Oui, autant de fois que vous le souhaitez, tant que vous êtes en pleine possession de vos facultés mentales. Le dernier testament en date annule et remplace les précédents. Attention cependant à bien détruire les anciens testaments pour éviter toute confusion.

Mon conjoint hérite-t-il automatiquement de tout ?

Non. En présence d'enfants, le conjoint survivant a le choix entre recevoir l'usufruit de la totalité de la succession ou le quart en pleine propriété. Pour augmenter ces droits, vous devez mettre en place une donation entre époux chez un notaire.

Que deviennent mes dettes après mon décès ?

Vos dettes sont transmises à vos héritiers en même temps que vos actifs. Heureusement, la loi permet aux héritiers de renoncer à la succession si les dettes dépassent l'actif. Ils peuvent aussi accepter la succession "à concurrence de l'actif net", ce qui les protège de devoir payer les dettes sur leur patrimoine personnel.

Puis-je déshériter un de mes enfants ?

Non, pas totalement. La loi française impose de respecter la réserve héréditaire. Pour un enfant unique, c'est la moitié de votre patrimoine. Pour deux enfants, deux tiers. Pour trois enfants ou plus, trois quarts. Vous ne pouvez disposer librement que de la quotité disponible (le complément).

Comment protéger un enfant handicapé après mon décès ?

Plusieurs solutions existent : vous pouvez mettre en place un mandat de protection future désignant la personne qui gérera ses biens, créer une association familiale pour gérer son patrimoine, ou souscrire un contrat de rente-survie qui lui versera des revenus réguliers après votre décès. Un notaire spécialisé en droit du handicap pourra vous conseiller selon votre situation.

Les donations faites après 65 ans sont-elles rapportables à la succession ?

Oui, sauf si vous précisez expressément que la donation est faite "hors part successorale" dans la limite de la quotité disponible. Cette mention permet d'avantager un héritier sans que les autres puissent contester au moment de la succession.

Organiser sa succession après 65 ans n'est pas un acte morbide, c'est un acte de responsabilité et d'amour envers vos proches. Vous leur évitez des démarches compliquées, des conflits potentiels, et souvent des frais importants.

Les outils juridiques existent et restent accessibles quel que soit votre âge. Testament, donation-partage, donation avec réserve d'usufruit, donation entre époux : chaque situation trouve sa solution. L'essentiel est de franchir le pas et de consulter un notaire qui saura vous guider selon vos objectifs et votre situation familiale.

N'attendez pas un problème de santé ou une urgence pour agir. À 65 ans, vous avez encore toute la lucidité nécessaire pour prendre des décisions éclairées. Vos enfants, votre conjoint et vos proches vous en seront reconnaissants.

Et rappelez-vous : il n'est jamais trop tard pour bien faire. Chaque année compte pour optimiser la transmission et clarifier vos volontés. Prenez rendez-vous avec un notaire dès maintenant : c'est le meilleur investissement que vous puissiez faire pour protéger ceux que vous aimez.


Sources :

  • Code civil français - Articles 720 à 892 (Droit des successions)
  • Bulletin officiel des Finances Publiques - Impôts (Droits de succession et donation)
  • Conseil supérieur du notariat
  • Fédération Française de l'Assurance - Statistiques assurance-vie
  • Ministère de la Justice - Guide des successions
  • INSEE - Données patrimoniales des ménages français
  • Notaires de France - Guides pratiques transmission patrimoine

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