Arthrose ou arthrite : quelle différence et comment les distinguer ?
Douleurs au réveil, articulations raides, gêne dans les mouvements du quotidien... Vous vous demandez si c'est de l'arthrose ou de l'arthrite ? Cette confusion est très fréquente. Ces deux pathologies touchent les articulations mais n'ont pas la même origine ni le même traitement. Comprendre leurs différences permet d'adopter les bons réflexes et de choisir la prise en charge adaptée. Voici ce qu'il faut savoir pour y voir plus clair.
Les deux maladies en bref : mécanismes différents
L'arthrose et l'arthrite sont souvent confondues parce qu'elles provoquent toutes deux des douleurs articulaires. Pourtant, leurs mécanismes sont radicalement opposés.
L'arthrose : l'usure du cartilage
L'arthrose est une maladie dégénérative. Elle résulte de l'usure progressive du cartilage qui recouvre les extrémités des os dans l'articulation. Ce cartilage joue un rôle d'amortisseur. Quand il s'amincit ou disparaît, les os frottent directement l'un contre l'autre, provoquant douleur et raideur. C'est un processus mécanique, lié à l'âge dans la majorité des cas, mais aussi aux sollicitations répétées des articulations.
En France, environ 10 millions de personnes souffrent d'arthrose, avec une nette augmentation après 65 ans. Les articulations les plus touchées sont les genoux, les hanches, les mains et la colonne vertébrale.
L'arthrite : l'inflammation de l'articulation
L'arthrite, elle, désigne une inflammation de l'articulation. Cette inflammation peut avoir plusieurs causes : une réaction auto-immune (comme la polyarthrite rhumatoïde), une infection, un dépôt de cristaux (goutte)... Contrairement à l'arthrose, l'arthrite n'est pas seulement liée à l'âge. Elle peut toucher des personnes jeunes et évolue souvent par poussées inflammatoires.
La polyarthrite rhumatoïde, forme d'arthrite la plus courante, concerne environ 300 000 personnes en France, avec une prédominance féminine (trois femmes pour un homme).
Comment les reconnaître ? Les symptômes qui font la différence
Si vous hésitez entre arthrose et arthrite, certains signes peuvent vous orienter. Attention toutefois : seul un médecin peut poser un diagnostic fiable.
Les signes typiques de l'arthrose
- Douleur mécanique : elle apparaît ou s'aggrave avec l'effort et les mouvements répétés. Elle diminue au repos.
- Raideur matinale brève : moins de 30 minutes en général, juste le temps de "dérouiller" l'articulation.
- Pas de gonflement marqué : l'articulation peut être légèrement enflée mais sans chaleur ni rougeur.
- Évolution lente : les symptômes s'installent progressivement, sur des mois ou des années.
- Craquements : des bruits articulaires peuvent apparaître lors des mouvements.
Une patiente de 68 ans témoignait récemment : "Mes genoux me font mal quand je descends les escaliers ou après une longue balade. Mais une fois assise, ça passe." Ce profil correspond typiquement à de l'arthrose.
Les signes typiques de l'arthrite
- Douleur inflammatoire : elle est présente même au repos, souvent plus intense la nuit et au réveil.
- Raideur matinale prolongée : elle dure souvent plus d'une heure, parfois plusieurs heures.
- Gonflement, chaleur, rougeur : l'articulation est visiblement enflammée, chaude au toucher.
- Évolution par poussées : alternance de périodes calmes et de crises douloureuses.
- Atteinte symétrique : dans la polyarthrite rhumatoïde, les deux mains ou les deux pieds sont souvent touchés en même temps.
- Symptômes généraux possibles : fatigue intense, fièvre légère, perte d'appétit.
Quel examen pour confirmer le diagnostic ?
Face à des douleurs articulaires persistantes, il est essentiel de consulter rapidement. Le médecin généraliste orientera si besoin vers un rhumatologue.
L'examen clinique d'abord
Le médecin commence par interroger le patient sur ses douleurs : quand apparaissent-elles, depuis combien de temps, quels sont les facteurs déclenchants ? Il examine ensuite les articulations, évalue leur mobilité, cherche des signes d'inflammation.
Les examens complémentaires ensuite
- Radiographie : elle montre l'usure du cartilage dans l'arthrose (pincement de l'interligne articulaire, ostéophytes). Dans l'arthrite débutante, la radio peut être normale.
- Prise de sang : recherche de marqueurs inflammatoires (VS, CRP élevées dans l'arthrite), d'auto-anticorps (facteur rhumatoïde, anti-CCP pour la polyarthrite rhumatoïde). Ces marqueurs sont généralement absents dans l'arthrose.
- Échographie ou IRM : pour visualiser l'inflammation des tissus mous, utile dans l'arthrite.
Bon à savoir : un taux d'acide urique élevé dans le sang oriente vers la goutte, une forme particulière d'arthrite.
Peut-on avoir les deux en même temps ?
Oui, c'est tout à fait possible, surtout après 60 ans. Une personne peut souffrir d'arthrose aux genoux et développer par ailleurs une polyarthrite rhumatoïde aux mains. Les deux pathologies peuvent même coexister sur la même articulation, rendant le tableau clinique plus complexe.
D'ailleurs, une arthrite mal soignée et prolongée peut finir par abîmer le cartilage et provoquer une arthrose secondaire. C'est pourquoi un traitement précoce de l'arthrite est crucial.
Prises en charge et traitements : des approches distinctes
Pour l'arthrose
Il n'existe pas de traitement curatif de l'arthrose, mais plusieurs approches permettent de soulager les symptômes et de ralentir l'évolution :
- Antalgiques et anti-inflammatoires en cas de poussée douloureuse
- Activité physique adaptée : marche, vélo, natation pour maintenir la mobilité sans aggraver l'usure
- Kinésithérapie pour renforcer les muscles autour de l'articulation
- Perte de poids si nécessaire, pour soulager les articulations porteuses
- Infiltrations de corticoïdes ou d'acide hyaluronique dans certains cas
- Chirurgie (prothèse) en dernier recours pour l'arthrose sévère
Pour l'arthrite
Le traitement vise à contrôler l'inflammation et à prévenir les lésions articulaires :
- Anti-inflammatoires pour calmer la douleur et l'inflammation
- Traitements de fond (méthotrexate, biothérapies) pour la polyarthrite rhumatoïde, afin de ralentir la progression
- Corticothérapie lors des poussées
- Suivi rhumatologique régulier indispensable
- Kinésithérapie pour maintenir la mobilité
Attention : ne jamais s'automédicamenter. Certains anti-inflammatoires sont contre-indiqués chez les seniors ou en cas de pathologies associées (insuffisance rénale, troubles cardiaques...).
L'importance d'une bonne complémentaire santé
Qu'il s'agisse d'arthrose ou d'arthrite, les soins peuvent représenter un budget conséquent : consultations spécialisées, kinésithérapie, médicaments, examens d'imagerie, parfois chirurgie...
Une complémentaire santé adaptée prend en charge ces dépenses au-delà du remboursement de la Sécurité sociale. Pour les seniors, certaines garanties sont particulièrement importantes :
- Dépassements d'honoraires chez les spécialistes (rhumatologues)
- Remboursement des médecines douces (ostéopathie, acupuncture) souvent utilisées en complément
- Forfait prévention pour des aides techniques (cannes, orthèses...)
- Hospitalisation en cas de chirurgie (prothèse)
Vivre au quotidien avec l'arthrose ou l'arthrite
Au-delà des traitements médicaux, certains ajustements du quotidien améliorent nettement le confort :
- Adapter son logement : barres d'appui, rehausseur de toilettes, ouvre-bocaux électriques
- Choisir de bonnes chaussures avec un bon amorti
- Alterner activité et repos pour ne pas surmener les articulations
- Surveiller son alimentation : un régime anti-inflammatoire (riche en oméga-3, fruits et légumes) peut aider
- Gérer le stress : le stress aggrave les poussées inflammatoires dans l'arthrite
Certaines associations proposent des programmes d'éducation thérapeutique pour apprendre à mieux gérer sa maladie au quotidien. N'hésitez pas à vous renseigner auprès de votre médecin.
ENCADRÉ "BON À SAVOIR"
Les facteurs de risque à connaître
Pour l'arthrose :
- L'âge (plus de 50 ans)
- Le surpoids
- Les antécédents de traumatismes articulaires
- Certaines professions (port de charges lourdes)
- Les anomalies anatomiques (jambes arquées...)
Pour l'arthrite :
- Les facteurs génétiques
- Le tabagisme (pour la polyarthrite rhumatoïde)
- Certaines infections
- Le sexe féminin pour la polyarthrite rhumatoïde
FAQ
Comment savoir si j'ai de l'arthrose ou de l'arthrite sans consulter ?
Il est impossible d'établir un diagnostic fiable sans examen médical. Néanmoins, si vos douleurs apparaissent surtout à l'effort et s'améliorent au repos, pensez plutôt à l'arthrose. Si elles sont présentes même au repos, avec gonflement et raideur matinale prolongée, l'arthrite est plus probable. Dans tous les cas, consultez votre médecin rapidement.
L'arthrose peut-elle se transformer en arthrite ?
Non, l'arthrose ne se transforme pas en arthrite. Ce sont deux maladies distinctes. En revanche, une arthrite chronique peut, à terme, endommager le cartilage et créer une arthrose secondaire sur la même articulation.
Existe-t-il des traitements naturels efficaces ?
Certaines approches complémentaires peuvent soulager les symptômes, notamment pour l'arthrose : application de chaud ou de froid, phytothérapie (harpagophytum, curcuma), compléments alimentaires (chondroïtine, glucosamine). Pour l'arthrite, ces approches ne remplacent jamais le traitement médical de fond. Parlez-en toujours avec votre médecin avant de les essayer.
Dois-je arrêter le sport si j'ai de l'arthrose ?
Au contraire ! L'activité physique adaptée est recommandée. Elle renforce les muscles, maintient la mobilité articulaire et limite la progression de l'arthrose. Privilégiez les sports doux comme la natation, le vélo ou la marche. Évitez les sports à impacts (course, tennis...). Un kinésithérapeute peut vous conseiller.
La météo influence-t-elle vraiment les douleurs articulaires ?
Beaucoup de patients rapportent une aggravation des douleurs par temps humide ou avant un changement de temps. Les études scientifiques restent partagées, mais la sensibilité aux variations de pression atmosphérique semble réelle pour certaines personnes. Ce n'est pas une légende !
Arthrose et arthrite ne sont pas de simples synonymes. L'une résulte de l'usure mécanique du cartilage, l'autre d'une inflammation qui peut toucher tout l'organisme. Les reconnaître permet d'adopter la bonne prise en charge et d'éviter des complications. Face à des douleurs articulaires persistantes, ne restez pas dans le doute : consultez rapidement votre médecin. Un diagnostic précoce, surtout pour l'arthrite, fait toute la différence sur l'évolution de la maladie. Et n'oubliez pas qu'une bonne mutuelle santé vous aide à assumer les frais de soins sans rogner sur votre qualité de vie.
Sources :
- Haute Autorité de Santé (HAS) - Recommandations sur la prise en charge de l'arthrose
- Inserm - Dossier arthrose et arthrite
- Société Française de Rhumatologie (SFR)
- Assurance Maladie - Ameli.fr - Fiches sur l'arthrose et la polyarthrite rhumatoïde
- Santé Publique France - Données épidémiologiques 2024